Tout le monde m'avait dit qu'un accouchement ne fait pas l'autre... Pourtant, le dimanche 13 mars, quand une perte de liquide m'a réveillée, j'ai eu comme une impression de déjà-vu.
Je me suis levée rapidement. Il fallait finir de préparer les tenues pour l'Asticot et nettoyer la housse du siège auto (je deviens une spécialiste du dernier truc à faire en vitesse au moment d'accoucher... et pourtant j'ai eu deux fausses alertes avant ça).
On a appelé les parents de l'Homme pour leur dire qu'on leur déposait leur petit-fils et sa valise, et puis mon père et mon frère pour annuler le déjeuner prévu avec eux. J'avais quelques contractions, pas trop douloureuses mais assez régulières. Ca, ça changeait de la première fois.
On a traîné, le temps de manger et de finir de se préparer. Les contractions se sont espacées et j'ai réalisé que je n'avais pas eu de nouvelle perte importante de liquide depuis le matin. Mais je saignais un peu et je préférais vérifier que tout allait bien.
La sage-femme qui s'est occupée de nous m'a fait un monitoring et a analysé le liquide. Ce n'était pas du liquide amniotique, et mes contractions n'étaient pas assez régulières pour être autre chose que des contractions de fin de grossesse.
On a récupéré l'Asticot en lui expliquant que le bébé était un gros farceur, et rappelé mon père et mon frère pour les inviter à dîner, finalement.
C'est pendant le repas que les contractions se sont intensifiées.
Au moment du café, je me suis lamentablement endormie sur le canapé, j'ai émergé juste pour saluer mon père qui s'en allait. Mon frère, lui, est resté dormir à la maison à notre demande, "au cas où".
Et franchement, bien nous en a pris. Quand j'ai fait ma translation rituelle du canapé au lit, les contractions revenaient toutes les 6 minutes, et devenaient de plus en plus douloureuses. J'ai soufflé, longuement, avec le vague espoir que ça allait se calmer suffisamment pour que je dorme un peu. Rien à faire.
Je suis restée comme ça pendant une heure environ, puis j'ai marché dans le couloir, j'ai tenté de me recoucher, et puis j'ai pris un bain.
Ca ne m'a pas du tout soulagée. Pire : en sortant, les contractions s'étaient encore rapprochées. J'ai réveillé l'Homme et nous sommes partis à 5h. En voiture, cette fois, la maternité est toujours aussi proche, mais j'avais trop mal pour marcher. Entre le parking et l'entrée des urgences, à peine 30 mètres plus loin, je me suis arrêtée 4 fois, pliée en deux, pour souffler en m'appuyant sur l'Homme.
Le temps de faire les premiers examens et d'attendre l'arrivée de la sage-femme, on n'avait plus que deux à trois minutes de répit entre chaque vague. J'ai expliqué que les contractions étaient courtes, mais vraiment intenses, et après vérification, elle a souri et dit qu'elles étaient peut-être effectivement courtes, mais en tout cas bien efficaces, puisque mon col était dilaté à 8 cm !
J'ai marché jusqu'à la salle de naissance en m'arrêtant tous les mètres, sous les encouragements de l'aide-soignante qui me répétait qu'elle n'aurait jamais pensé que j'en étais déjà à ce point, parce qu'elle trouvait que je gérais "super bien". En réalité, j'avais surtout peur de perdre finalement les eaux, parce qu'alors on n'aurait pas le temps de poser la péridurale.
J'ai à nouveau eu la chance de voir arriver rapidement l'anesthésiste, le même que la dernière fois. A 6h30, c'était posé, et quelques minutes plus tard, j'abordais déjà les choses plus sereinement. La sage-femme m'a demandé si je voulais qu'on perce la poche des eaux à ce moment ou si je préférais me reposer un peu, j'ai choisi la deuxième solution, et on a dormi deux heures, entre les prises de tension et les tremblements incessants et totalement involontaires qui ont saisi mes jambes, mon dos, puis mes bras, mes épaules et mes mâchoires.
Une fois la poche rompue, tout est allée très vite, sans aucune douleur et avec des sensations plus aiguës que pour l'Asticot. J'ai bien senti ma fille se frayer un chemin, puis avancer sous l'oeil amusé de la sage-femme et de l'aide-soignante, en remuant la tête pour aller plus vite, avant de crier à peine sa bouche sortie.
A 10h30, elle était contre moi, râlant déjà pour avoir le sein pendant qu'on recousait mon épisio... Elle n'a pas battu le record de son frère, mais pesait quand même 3,865 kg.
C'était lundi 14 mars, et je suis maintenant la maman d'une petite Zoé, que nous rebaptiserons ici MissTortue, en raison de tous ces plis doux, chauds et grassouillets dans son cou, qui la font sourire dès qu'on les caresse ou qu'on les embrasse.