La demi-seconde
On le sait. Ca tombe sous le sens. Il y a même eu récemment une campagne de prévention à ce sujet.
Les accidents domestiques sont ultra-courants chez les enfants, et bien sûr qu'on y fait attention. On a l'habitude, on traque les déplacements de l'asticot, la moindre approche d'un coin de table, d'une porte, d'un tiroir ou d'une prise électrique. On tente de lui faire comprendre que certaines choses sont dangereuses, on expérimente le non, et il répond en remuant la tête et en s'éloignant la plupart du temps.
On le couve des yeux, cet enfant, peut-être un peu trop parfois d'ailleurs, c'est moins facile que ça n'y paraît de le laisser évoluer et faire ses expériences.
On a l'habitude, donc.
Trop.
Ce matin, des vêtements sont tombés du lavabo. Et il y a eu la demi-seconde. Le très bref moment d'inattention, juste le temps de se pencher pour les ramasser, par réflexe.
Juste le temps pour que le plan à langer bascule.
Voilà comment on se retrouve aux urgences au réveil un jeudi matin, avec un bébé choqué qui pleure toutes les larmes de son corps et un homme non moins choqué, culpabilisé à mort.
L'examen clinique était parfait, l'asticot est sous surveillance à la maison, il semble aller bien, mais chouine plus que d'habitude et n'a pas spécialement envie de dormir, et bien sûr on s'inquiète. Et on s'inquiètera bien plus longtemps que les 24 heures de la surveillance.
C'est si facile à éviter, et pourtant ça s'est passé si vite, ça aurait pu m'arriver aussi...